lundi 25 février 2008

La légende de l'Evou

(dessin d'un artiste gabonais)

« L’évou vivait dans la forêt et se nourrissait de la chair et du sang des animaux. Un jour qu’elle se rendait au champ, une femme trouva une biche morte. Tout heureuse, elle mit l’animal dans sa hotte et rentra chez elle. Pendant toute l’année, elle eut ainsi la chance de ramasser un gibier tout tué dans un coin précis de la forêt que tout le monde ignorait et qui était en réalité le repaire de l’évou. Au village, elle était devenue l’épouse « chasseur », ce qui lui donna une grande réputation. Son mari était heureux d’avoir une femme de cette valeur. Ses enfants étaient bien nourris, de même que ses sœurs, ses parents et ses invités. Tout son entourage était heureux.La femme ignorait ce qui tuait les bêtes. Elle aurait voulu le savoir mais n’y arrivait pas. Un matin de grande pluie, elle prit son panier pour visiter son coin à gibier ; elle trouva, fraîchement abattue, une antilope. Au moment où elle s’apprêtait à la soulever, elle aperçut l’évou qui en suçait le sang.-Que viens-tu faire ici ? s’écria l’évou. Ce lieu est ma propriété.La femme, toute tremblante, répondit à l’évou qu’elle souhaitait nouer des relations d’amitié avec lui.-Je t’apporterai du village du tabac, du sel, et toi tu me fourniras toujours du gibier, dit-elle.L’évou rétorqua qu’il ne se nourrissait que de sang et que l’offre de la femme ne lui convenait pas. Il lui laissa cependant l’antilope après l’avoir vidée de son sang et ils allaient se séparer. Mais la femme, considérant que l’évou lui avait rendu de grands services, se mit en tête de le recevoir au village. Mais comment porter un évou ? Dans la hotte ? Non ! La femme était perplexe.-Ouvre la bouche, si tu veux me porter, dit l’évou, car je suis très délicat, une brindille suffit pour me blesser.La femme ouvrit alors la bouche et l’évou s’y engouffra, jusqu’aux entrailles.Ainsi arrivèrent-ils au village.Cette femme n’était pas pauvre. Elle avait déjà de nombreux enfants et possédaient une grande basse-cour composée de poules, de coqs, de pintades, de dindons, de canards, ainsi qu’un troupeau de chèvres et de moutons. Or l’évou lui apprit ses méthodes de sorcellerie, notamment sa science de dédoublement. En échange, chaque fois qu’évou avait faim, la dame lui offrait un sujet de sa basse-cour. Mais l’évou est très glouton ; la volaille n’a pas assez de sang pour le rassasier. Il fallait donc au moins cinq à six poules par repas. Aussi, en quelques semaines, la volaille eut-elle disparu et il fallait entamer le troupeau de moutons. Quelques mois après, il n’y avait plus un mouton. La femme commença à lui livrer les bêtes appartenant à d’autres personnes. Devant ce désastre inexplicable, les éleveurs du village décidèrent d’abandonner ces lieux pour s’installer ailleurs. Restée seule avec son mari et ses enfants, la femme ne savait plus que faire. Les demandes de l’évou devenant de plus en plus pressantes car il menaçait de la manger elle-même au cas où elle ne lui donnerait rien à manger, elle se résolut à sacrifier un à un ses enfants, et l’évou prit ainsi l’habitude de se nourrir de sang humain. Il n’est plus retourné dans la forêt. Il est resté au village où il s’est multiplié, et l’on prétend depuis que chaque enfant apporte en naissant son évou ; aussi, bon nombre de décès du village sont-ils attribués à l’évou. A ce propos, on entend souvent dire d’une façon mystérieuse en parlant d’un mort : « Il a été mangé… ». Par qui ? Devinez. Telle est la légende de l’évou ».

2 commentaires:

Unknown a dit…

Passionnant

Unknown a dit…

Très intéressant toute ces choses que nos parents ne nous raconte pas mais que nous voyons sur Internet